Milan Rastislav Štefánik, l’astronome
Si le général Milan Rastislav Štefánik (1880-1919) a laissé le souvenir d’un homme politique et d’un diplomate slovaque important, ses activités d’astronome sont restées méconnues. Il a pourtant parcouru le monde pour remplir de nombreuses missions astronomiques pour le compte du gouvernement français.
A ce titre, il a été détaché par le bureau des longitudes à Tahiti en 1910 pour y observer le passage de la comète de Halley et l’éclipse solaire du 28 avril 1911 à Vavau (archipel Tonga).
L’astronome consacra dès lors toute son énergie à ce projet. Pour procéder à ses observations, il créa un observatoire sur les hauteurs de Sainte Amélie, au mont Faiere, dans une simple construction en bois dotée d’une coupole abritant son télescope et tous les appareils nécessaires. Les tahitiens l’avaient surnommé Taatahio fetia, « l’homme qui regarde les étoiles ».
Il fut officiellement nommé par le ministère des Colonies directeur de l’observatoire, ainsi que chef du service météorologique et du projet de radiotélégraphie local.
Après son départ et la fin de la première guerre mondiale, son matériel fut dispersé.
Par son action, mais aussi par ses reportages photographiques, Štefánik a contribué à l’installation d’une petite communauté slovaque à Tahiti. Il a permis à cette île de se faire connaître en République Tchèque et en Slovaquie. Il a été un des premiers à photographier les pays du Pacifique, dont Tahiti. Il était, en outre, très apprécié de la population tahitienne.
Le Mont Faiere ne s’est pas prêté qu’à l’observation des étoiles… Lorsque éclate en Europe la Première Guerre mondiale (le 3 août 1914), le commandant Destremeau choisit, en vue d’assurer la défense de Tahiti, le Mont Faiere comme poste de commandement. Depuis treize ans déjà, une vigie, Patrice Burns, surveillait le large et un sémaphore permettait de signaler l’arrivée des navires. De là, Destremeau dirigea les opérations, communiquant par téléphone avec les artilleurs du Pic rouge et la caserne.
En 1935, Une station météorologique vient compléter l’observatoire. Pour se rendre au travail, au lieu de prendre la route de Hermon, celle qui prolonge l’avenue Pouvanaa par la gauche, les météorologues prennent un raccourci. Ils garent leur vélo en contre-bas sur un terrain et grimpent la côte avec une pente de 40% et cela sur 400 mètres environ.
L’observatoire du Mont Faiere fut détruit en septembre 1948 par un incendie.
Photo prise par M. R. Štefánik en personne
En 1994, une expédition slovaque dirigée par Miroslav Musil et František Kele a fait don d’une plaque à la mémoire de Štefánik, qui a été fixée sur un pilier dressé par la ville de Papeete à l´emplacement même de l´ancien observatoire.
Il était important de rendre hommage, près d’un siècle après sa mort, à ce grand homme qui a mis ses connaissances scientifiques au service de la Polynésie et a contribué à promouvoir le mythe de Tahiti en Europe.
Stèle commémorative érigée à la mémoire de Stefanik, située à Faiere, Sainte Amélie. - (Sources & photos : www.ville-papeete.pf)