Conférence de Paris en soutien à l’Ukraine (26/02/2024).
Propos liminaires du Président de la République lors de la Conférence de soutien à l’Ukraine
Paris, le lundi 26 février 2024
Emmanuel MACRON
Bonjour à toutes et tous, et merci d’être là. Je vais juste dire quelques mots d’introduction pour caler cette discussion et en donner le cadre puis nous aurons une vidéo de quelques minutes qui est envoyée par le président ZELENSKY avant de commencer nos travaux.
En tout cas, je voulais remercier l’ensemble des chefs d’État et de gouvernement, ministres présents aujourd’hui à Paris. Et si nous sommes ici tous réunis, c’est que nous sommes convaincus, depuis le premier jour de cette guerre, que ce qui se joue en Ukraine est non seulement capital pour l’Ukraine, mais aussi pour notre sécurité collective et pour la défense d’un ordre international qui est fondé sur le droit.
L’Ukraine a déjà réussi grâce à la résistance héroïque de ses soldats, grâce aussi à notre soutien et aux mesures qui ont été prises dès les premiers jours, à mettre en échec les desseins de la Russie. L’opération spéciale qui, il y a deux ans, devait durer trois semaines, est encore en cours, avec des positions qui sont aujourd’hui stabilisées sur le front.
Et au moment où nous nous parlons, il faut aussi féliciter certains de nos collègues puisque se joue en ce moment le vote au Parlement de Hongrie qui va permettre à la Suède - et j’en félicite le ministre des Affaires étrangères qui représente ici son Premier ministre et son pays - qui va donc permettre à la Suède de joindre l’OTAN. En deux ans, la Suède et la Finlande ont donc rejoint notre organisation. Félicitations à votre pays.
Dans le même temps, nous voyons, et tout particulièrement ces derniers mois, un durcissement de la Russie, durcissement qui s’est manifesté en matière de politique intérieure et qui s’est malheureusement cruellement illustré à travers la mort d’Alexeï Navalny - nous l’avons tous formellement condamnée, mais elle a signé la trace de ce durcissement - mais à travers la poursuite des opposants politiques, l’interdiction des opposants politiques aux élections, la mort donc d’Alexeï Navalny, l’interdiction supplémentaire de nouvelles structures, il y a un durcissement manifeste.
Sur le front ukrainien, les positions sont de plus en plus dures et nous savons aussi que la Russie prépare des attaques nouvelles, en particulier pour sidérer l’opinion ukrainienne, mais est en train de durcir sa position.
Nous avons tous subi de manière accrue ces derniers mois des attaques en termes informationnels et en termes cyber encore accrues. Et en parallèle, j’ai pu noter qu’à peu près tous les pays représentés autour de cette table ont pu dire, à travers la voix de leurs dirigeants ou de leurs ministres ou d’éminentes personnalités, comme d’ailleurs beaucoup des organisations internationales auxquelles nous prenons part, ont pu dire que le consensus, l’analyse collective était que, d’ici à quelques années, il fallait s’apprêter à ce que la Russie attaque lesdits pays.
Et donc très clairement, la lucidité est là et le constat collectif est que, au fond, notre sécurité à tous est aujourd’hui en jeu.
L’Ukraine est aujourd’hui déterminée, elle a besoin de nous, au-delà de ce que nous avons déjà fait, avec des efforts budgétaires, économiques, capacitaires qui sont déjà considérables.
Mais compte tenu de ce que je viens de dire, nous sommes aujourd’hui, pas simplement à une date qui marque un peu plus des deux ans du début de cette guerre d’agression russe en Ukraine, nous sommes sans doute plutôt à coup sûr au moment d’un sursaut qui est nécessaire de notre part à tous, compte tenu de la transformation de la menace d’un point de vue militaire et stratégique.
Le cadre de la discussion qui sera la nôtre s’inscrit dans des éléments aussi de continuité. Mais ce sursaut doit être clair.
D’abord, la Russie ne peut ni ne doit gagner cette guerre en Ukraine pour l’Ukraine elle-même.
Deuxièmement, nous sommes en train d’assurer notre sécurité collective, d’aujourd’hui et de demain. Et donc de manière très claire et encore plus claire qu’hier, compte tenu des attaques que nous subissons, c’est aussi notre sécurité dont nous parlons.
Troisièmement, nous sommes tous d’accord sur le fait que nous ne souhaitons pas entrer en guerre avec le peuple russe et que nous sommes déterminés à garder la maîtrise de l’escalade, comme nous l’avons fait avec succès depuis le début du conflit.
Forts de ces principes, conscients que le moment implique des décisions fortes et un sursaut, l’objectif de l’échange de cet après-midi est d’une part, évidemment, de partager tous les éléments utiles à la caractérisation de la situation que nous vivons à son constat, de voir sur le plan national et collectif, comment nous pouvons faire plus : plus en soutien budgétaire, plus en soutien militaire, plus en capacité mise à disposition et en poursuite aussi des accords bilatéraux - comme plusieurs d’entre nous en ont déjà signés ces derniers temps - à égard et avec l’Ukraine.
Et puis, nous aurons un deuxième temps de discussion autour de la question comment aussi faire différemment en fonction des besoins exprimés par les Ukrainiens dans la période qui s’ouvre aujourd’hui ?
Voilà les quelques éléments que je souhaitais ici apporter pour cadrer cette discussion stratégique et opérationnelle qui — je crois pouvoir le dire en remerciant chacune et chacun autour de cette table — est marquée par la détermination complète qui est la nôtre de ne jamais voir la Russie emporter ce conflit et d’être aussi longtemps que nécessaire aux côtés de l’Ukraine et de son peuple.
Je vais proposer maintenant qu’on puisse nous diffuser le message qui a été envoyé par le Président ZELENSKY.
Source : Elysée